Mourad MAZAR : La Guerre oubliée au Soudan est un danger croissant pour l'Afrique et l'Europe

Alors que les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient captent l'attention mondiale, le Soudan s'enfonce dans une guerre civile, une bombe géopolitique, sécuritaire, humanitaire, et migratoire. Les rapports issus de l'enquête menée par le département Investigations de l'Organisation Mondiale de Sécurité Anti-Corruption & Criminalité (OMSAC), en collaboration avec des lanceurs d'alerte et des journalistes sur le terrain, confirment que le compte à rebours a commencé.

Une crise stratégique en plein cœur de l'Afrique

Le Soudan, autrefois dans la sphère d'influence des Britanniques, des Égyptiens, et des Émiratis aujourd'hui, devient le théâtre d'une guerre civile menaçant l'équilibre africain. Avec son territoire couvrant deux fois la France, à cheval entre les mondes arabes et subsahariens, aux portes du Sahel, du Maghreb, et de la Corne de l'Afrique, cette crise risque de déstabiliser tout le continent européen par effet domino.

Ingrédients d'une crise complexe

Les principaux belligérants, le général Abdel Fattah al-Burhan et Mohamed Hamdane Dagalo (Hemetti), à la tête des Forces Armées Soudanaises (FAS) et des Forces de Soutien Rapide (FSR) respectivement, se livrent à des combats dans diverses régions du pays, notamment au Darfour et à Khartoum. La situation dégénère, créant de nouveaux fronts dans le Kordofan.

Implications régionales et internationales

L'Égypte, en fournissant des drones tactiques Bayraktar TB-2 aux FAS, participe à la surenchère armée, compliquant les efforts de médiation. Tandis que les combats s'étendent, le Tchad, dernier allié de Paris au Sahel, se retrouve directement menacé.

Un lourd tribut pour les civils

La population civile paie un tribut élevé, avec plus de 5 millions de déplacés et la menace imminente de la famine. Au Darfour, les massacres ethniques reprennent, et la crise pèse également sur le Tchad, exacerbant les défis sécuritaires dans la région.

Négligence internationale

Alors que le Soudan s'embrase, l'indifférence internationale persiste. Les appels à l'aide et aux pourparlers restent sans réponse, laissant la population livrée à elle-même dans une crise aux ramifications potentiellement dévastatrices pour l'Afrique et au-delà.

Le Grand-Jeu Arabe : Une guerre aux multiples acteurs

Dans cette guerre civile largement ignorée, l'intervention étrangère prend une place prépondérante. Du côté des Forces Armées Soudanaises (FAS), Le Caire se positionne en fournissant non seulement des drones tactiques Bayraktar TB-2 de facture turque, mais également un appui aérien technique au début du conflit, sans oublier son soutien diplomatique. Pour l'Égypte, le Soudan représente un prolongement naturel et historique de sa sphère d'influence. La rivalité entre l'Égypte et l'Éthiopie pour le contrôle des eaux du Nil ajoute une dimension stratégique majeure à leur implication.

Les Forces de Soutien Rapide (FSR), de leur côté, bénéficient du soutien logistique du maréchal Haftar depuis le sud de la Libye, ainsi que du soutien de la Russie et des Émirats Arabes Unis. Abu Dhabi, en particulier, voit dans les ressources agricoles et minières du Soudan une priorité. En 2022, les Émirats ont conclu un accord de 6 milliards de dollars pour la construction d'un nouveau port sur la mer Rouge. Au-delà de l'investissement financier, les Émirats considèrent probablement d'un mauvais œil le retour de l'« ancien régime » proche des Frères musulmans.

L'Organisation Mondiale de Sécurité Anti-Corruption & Criminalité (OMSAC), à travers ses experts et enquêteurs sur le terrain, a recueilli des données et des témoignages cruciaux pour comprendre les ramifications géopolitiques de ce conflit et ses conséquences sur la stabilité de l'Afrique et de l'Europe.

Il est essentiel de se préoccuper de cette situation critique au Soudan, avec un afflux massif de réfugiés au Tchad. La stabilité du Tchad est déjà mise à l'épreuve par plusieurs facteurs, notamment les souvenirs de la guerre du Darfour et les alliances complexes entre différentes communautés.

L'armée française apporte un soutien logistique à la demande des autorités tchadiennes, soulignant l'importance des partenariats régionaux dans la gestion de crises humanitaires et de sécurité. La situation au Tchad est délicate, avec des défis opérationnels importants pour l'armée tchadienne, qui est déjà déployée face à diverses menaces, notamment Boko Haram au sud et des groupes rebelles venus de Libye au nord.

La déstabilisation du Tchad pourrait avoir des conséquences graves pour toute la région, créant une zone de crise entre divers acteurs, tels que des seigneurs de guerre, des groupes terroristes, des mouvements islamistes et des trafiquants. L'Europe, y compris la France, pourrait être confrontée à des implications sécuritaires et migratoires majeures si cette situation s'aggrave.

La guerre au Soudan devient ainsi une préoccupation majeure qui touche non seulement l'Afrique mais aussi ses voisins, exigeant une attention internationale urgente pour atténuer les risques potentiels.

Situation de l'Armée Tchadienne :

L'armée tchadienne, réputée compétente et expérimentée, se trouve actuellement en tension opérationnelle sur plusieurs fronts. Au sud, elle doit faire face à la menace de groupes tels que Boko Haram, tandis qu'au nord, elle est déployée pour contrer les groupes rebelles venus de Libye. À l'ouest, la crainte d'un effondrement du Sahel occidental, englobant le Mali, le Niger et le Burkina-Faso, pèse sur ses épaules.

Pilier de Stabilité Régionale :

Le Tchad, dernier pilier de stabilité régionale aux côtés de la Mauritanie et du Sénégal, joue un rôle crucial dans le maintien de l'équilibre géopolitique en Afrique. Les alliances complexes entre différentes ethnies et peuples qui chevauchent la frontière avec le Soudan sont essentielles pour la stabilité du régime d'Idriss Déby Itno.

Risques de Déstabilisation :

La guerre civile au Soudan menace de déstabiliser le fragile équilibre du Tchad. Les souvenirs de la guerre du Darfour, qui a affecté le Tchad jusqu'en 2010, sont encore présents dans les esprits. Un front ouvert sur le flanc est du Tchad le placerait dans une situation extrêmement difficile.

Conséquences pour l'Europe et la France :

La déstabilisation du Tchad aurait des répercussions directes sur l'Europe et la France. Les conséquences sécuritaires, notamment avec un renforcement potentiel de groupes terroristes, islamistes et trafiquants, ainsi que les défis migratoires associés, créeraient une zone grise incontrôlable dans le voisinage stratégique de l'Europe.

Conclusion :

Pour le président de l'Organisation Mondiale de Sécurité Anti Corruption & Criminalité Mourad MAZAR, la guerre oubliée au Soudan n'est pas seulement une préoccupation locale, mais une menace croissante pour la stabilité régionale en Afrique, avec des implications directes sur la sécurité et la gestion des migrations en Europe. La communauté internationale doit prendre conscience de cette situation avant que le compte à rebours ne touche à sa fin, plongeant la région dans un chaos aux conséquences incommensurables.

Département presse & Médias de l'OMSAC