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L’ART DE FAIRE CROIRE QUE SPORT ET POLITIQUE NE SONT PAS LIÉS

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    omsac actualités
  • 28 déc. 2022
  • 3 min de lecture

La Coupe du Monde de la FIFA est de retour pour une 23ème édition (United 2026), elle se déroulera de juin à juillet 2026 et sera organisée conjointement par les États-Unis, le Canada et le Mexique. Elle ne manque jamais de faire ressortir la même excitation, la même passion et la même émotion à travers le monde, alors que pour d’autres cette folie du football semblant interminable ne manque pas de désespérer. Les débats passionnés peinent encore à déterminer quel événement, la Coupe du monde et les Jeux olympiques, est le plus populaire, le plus regardé et le plus privilégié au monde. En tout cas, ils ont tous deux suivi une tendance similaire qui devrait nous préoccuper davantage.


Les méga-manifestations sportives ont atteint des coûts impensables, ce qui a poussé les sociétés « occidentales » à s’opposer de plus en plus aux candidatures, offrant ainsi sur un plateau d’argent des opportunités diplomatiques aux États autoritaires... Permettre à ces événements de se dérouler en dehors de la bulle de l’Occident ne peut qu’être salué car on adopte une approche plus globale, mais il y a un besoin évident d’effectuer un suivi plus poussé des préparatifs et des engagements nationaux lors de l’attribution.


Le coût actuel de l’accueil

Les récentes éditions de grands événements sportifs internationaux se sont targuées d’offrir un meilleur environnement et des compétitions toujours plus inclusives et nous sommes effectivement passés à côté des rouages des coulisses - que l’on soit des supporters purs et durs, des spectateurs pacifiques ou des râleurs compulsifs désintéressés tout au long de l’événement.


Les Jeux olympiques (JO) d’été de 2008 ont vu le relogement de 1.5 million d'habitants, la censure des médias, le travail abusif des enfants pour la fabrication des produits officiels des JO, les manifestations tibétaines initiées lors de la cérémonie du flambeau olympique et se sont terminées par des manifestations meurtrières et une répression générale de la société civile.


La loi de propagande anti-gay russe a été mise en place l’année précédant les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi en 2014. Les Jeux eux-mêmes ouvraient la porte à davantage d'exploitation, à davantage d’expulsions locales, à plus d’oppression médiatique et à des risques environnementaux.


Le Brésil a accueilli la Coupe du Monde et les Jeux à deux ans d’intervalle, ce qui a déclenché des interventions violentes et des assassinats, mis en péril la liberté d’expression et les rassemblements pacifiques des Brésiliens, et conduit à des expulsions nombreuses et un héritage aux allures d’éléphant blanc. La liste exhaustive de ces incidents est longue, et ne sera pas avant longtemps un chapitre clos de l’Histoire.


Qui est responsable ?

La mise en œuvre et le respect des droits de l’homme au niveau national étaient discutables avant que ces pays ne remportent ces candidatures, et ils ont progressivement empiré de la préparation jusqu’à la fin de l’événement en lui-même. La Charte olympique stipule que la dignité humaine doit être respectée et le CIO a formellement inclus le respect des principes des droits de l’Homme dans son contrat de ville hôte à partir de 2017.


La FIFA s’est engagée à respecter et à promouvoir les droits de l’homme en 2016, dans le cadre de la campagne d’Infantino visant à rétablir la légitimité de l’institution auprès de l’opinion publique suite au scandale de corruption de 2015. La FIFA a même mis en place un système de plainte des Droits de l’Homme pour l’actuelle Coupe du Monde. L’absence de conséquences pour les violations des droits fondamentaux montre douloureusement la complexité de la diplomatie sportive mondiale. Quels souvenirs gardons-nous de ces événements ? Les polémiques liées aux Droits de l’Homme qui se déroulent derrière le rideau des préparatifs, ou les moments de sport qui ont fait l’Histoire ?


Pourquoi n’est-ce pas un problème plus important, du moins pour le monde du sport ? Quel genre de message est donné dans le monde entier, aux athlètes, aux sociétés et autres États autoritaires cherchant à améliorer leur image et à prendre du poids sur la scène internationale ? Ici se trouve le pouvoir même du football, en étant l’outil le plus puissant du monde pour unir ; l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annane, ayant même suggéré que le football était plus universel que l’ONU elle-même.


À un tel niveau de popularité et d’influence, la Coupe du Monde est en effet un outil diplomatique où les cérémonies d’ouverture et de clôture servent de cadre de négociation informel.


De la même manière, le pouvoir normatif a longtemps manqué de reconnaissance, les priorités politiques incluent rarement la diplomatie sportive. Pourtant, c’est dans des moments comme ceux que nous traversons actuellement que la diplomatie sportive prend véritablement vie et réalise son potentiel.


Alors que diriez-vous si nous commencions tous à l’employer stratégiquement pour notre avenir ?


Kiera Wason Milne





 
 
 

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