Corruption & criminalité en Afrique : une menace systémique contre les peuples, la souveraineté et la justice
- omsac actualités

- 12 juil.
- 4 min de lecture

Instituée par l’Union africaine, la Journée africaine de lutte contre la corruption commémore l’adoption, en 2003, de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption. En 2025, plus de vingt ans après son adoption, la corruption — souvent liée à des formes de criminalité organisée, économique ou transnationale — demeure l’un des défis les plus profonds, systémiques et destructeurs du continent africain. Elle alimente l’impunité, affaiblit les institutions, et favorise l’émergence de réseaux mafieux menaçant directement la souveraineté des États, la sécurité des peuples et l’état de droit.
1. Contexte général
Le Département Intégrité et Investigations de l’OMSAC constate, à travers ses enquêtes, partenariats et remontées d’alertes, que la corruption ne se limite plus à un phénomène administratif ou localisé, mais constitue une structure parallèle de pouvoir, articulée autour de :
Réseaux politico-mafieux nationaux et transnationaux
Captation des richesses publiques par des élites déconnectées
Connivences avec des intérêts étrangers (entreprises, puissances, banques offshore)
2. Principales formes de corruption observées en 2024–2025
a) Corruption institutionnelle
Manipulation des appels d’offres publics
Captation des institutions de contrôle et de justice
Création de lois taillées sur mesure pour protéger l’impunité
b) Blanchiment des avoirs
Transfert massif de capitaux publics vers l’étranger
Utilisation de sociétés écrans et de comptes offshore
Acquisition de biens de luxe dans des États complaisants
c) Corruption dans les secteurs extractifs
Absence de transparence dans la gestion des hydrocarbures, mines et forêts
Accords opaques entre gouvernements et multinationales
Marginalisation des communautés locales au profit de clans
d) Corruption et sécurité
Dévoiement des budgets de défense et de sécurité
Prolifération des groupes armés protégés ou alimentés par des circuits de corruption
Monétisation des postes militaires et douaniers
3. Conséquences graves pour les peuples africains
Appauvrissement généralisé malgré des ressources abondantes
Effondrement des services publics (santé, éducation, justice)
Perte de confiance dans l’État et ses institutions
Fuite des cerveaux et migration forcée
Instrumentalisation des conflits armés et instabilité chronique
4. Les acteurs complices : au-delà des frontières africaines
L’OMSAC tient à souligner que la corruption en Afrique ne prospère pas seule. Elle est alimentée, protégée ou banalisée par des puissances et entreprises étrangères, notamment à travers :
Des banques occidentales qui abritent les avoirs volés
Des lobbys internationaux qui pactisent avec des régimes prédateurs
Des médias dominants qui gardent le silence ou légitiment les corrompus
5. Étude de cas : Corruption systémique en Afrique – quelques exemples marquants
🇦🇪 Émirats arabes unis : le cœur invisible de la corruption africaine

Les Émirats arabes unis, souvent perçus comme un « partenaire économique moderne », sont en réalité devenus le principal point de convergence des capitaux illicites africains :
Hébergement de comptes offshore et sociétés écrans utilisées par des responsables africains corrompus
Financement opaque de groupes politiques ou armés dans plusieurs pays instables (Libye, Soudan, Sahel)
Canal de sortie pour les métaux précieux, pétrole ou ressources minières détournées
Les Émirats fonctionnent comme une véritable méduse géante, avec des tentacules invisibles dans tous les circuits de la corruption africaine, facilitant le blanchiment et protégeant l’impunité via des zones franches opaques.
🇱🇾 Libye : l’État effondré, les mafias consolidées
Depuis la chute de Kadhafi, la Libye est devenue un terrain d’affrontement entre milices armées, groupes de contrebande, et puissances étrangères, avec une économie parallèle entièrement infiltrée.Le trafic d’armes, d’humains et de pétrole bénéficie de complicités internes et internationales, souvent tolérées par certains États et groupes privés étrangers. Les institutions officielles, lorsqu’elles existent encore, sont capturées par des groupes corrompus ou inexistantes dans plusieurs régions.
🇲🇱 Mali : la corruption après le coup d’État
Malgré les discours nationalistes des militaires au pouvoir, le Mali connaît une généralisation des détournements de fonds, des marchés opaques, et un affaiblissement des organes de contrôle.La junte exploite les leviers sécuritaires et diplomatiques pour fermer l’espace civique, réduire les contre-pouvoirs et neutraliser les lanceurs d’alerte. La corruption a changé de visage, mais pas de nature.
🇲🇦 Maroc : une façade réformiste, des pratiques opaques
Malgré une image internationale d'État "moderne et stable", le Maroc connaît une corruption profondément enracinée dans les sphères politico-économiques, protégée par une centralisation extrême du pouvoir.Les marchés publics, les ressources territoriales, les réseaux bancaires et l’accès au foncier sont souvent régis par des logiques clientélistes et opaques, au profit d’une oligarchie étroite.
Des ONG locales et internationales ont dénoncé :
Le manque de transparence dans la gestion des ressources publiques
La répression des journalistes et militants anticorruption
Le rôle trouble de certaines entreprises proches du pouvoir dans des transactions régionales impliquant l’Afrique de l’Ouest et les Émirats
Dans ce système verrouillé, la corruption n’est pas accidentelle : elle est structurelle, souvent couverte par des alliances diplomatiques et économiques stratégiques, qui ferment les yeux au nom de la « stabilité ».
🇨🇩 RDC : un pays assis sur l’or, gouverné par les réseaux
Avec ses immenses ressources minières, la République Démocratique du Congo reste l’un des pays les plus affectés par la corruption d’État.Des accords miniers opaques, des versements non traçables et des complicités militaires garantissent un enrichissement massif de certains clans, pendant que des millions de Congolais vivent sans accès aux droits fondamentaux.
🇳🇬 Nigeria : corruption pétrolière et insécurité nourrie
Le Nigeria, première puissance démographique d’Afrique, reste victime d’un système pétrolier gangrené par le vol organisé, les fausses subventions et les détournements de budget.La corruption nourrit également l’instabilité sécuritaire, à travers la monétisation des postes militaires, et l’instrumentalisation de groupes violents.
5. Recommandations du Département Intégrité & Investigations
Lancement d’enquêtes indépendantes internationales sur les circuits de l’argent volé
Gel et restitution des avoirs mal acquis hébergés à l’étranger
Protection des lanceurs d’alerte et des journalistes d’investigation
Refonte des accords internationaux imposés dans des contextes de corruption
Création d’un mécanisme africain permanent de suivi et de sanctions, indépendant des pouvoirs exécutifs nationaux
6. Appel solennel
En cette Journée africaine de lutte contre la corruption, l’OMSAC appelle :
Les peuples africains à se mobiliser pour refuser la normalisation du pillage
Les États africains à faire preuve de courage politique
Les institutions internationales à cesser leur complaisance
Et les médias et ONG à faire de la vérité une priorité
La corruption tue. Elle vole l’avenir des générations entières. L’Afrique ne pourra se relever sans justice, sans vérité, et sans l’élimination de ce cancer institutionnel.
Département Intégrité & Investigations de l'OMSAC




Commentaires