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Tunisie : la crise des migrants devant le HCR, les premiers signaux d’un effondrement annoncé du système humanitaire international

  • Photo du rédacteur: omsac actualités
    omsac actualités
  • 13 avr. 2023
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 oct.


Des gaz lacrymogènes pour disperser les migrants : La police tunisienne a été contrainte d’utiliser des gaz lacrymogènes mardi pour disperser une centaine de demandeurs d’asile et de migrants subsahariens installés depuis plusieurs semaines devant le siège du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à Tunis. Ces migrants, qui vivaient dans un campement de fortune sans eau courante ni installations sanitaires, réclamaient leur évacuation vers des pays tiers.


La tension a culminé après que le HCR a annoncé la suspension temporaire de l’examen des dossiers de demande d’asile, ce qui a suscité la colère des manifestants, selon des informations recueillies par nos lanceurs d’alerte sur place.


Affrontements et arrestations

Selon plusieurs témoins, les migrants avaient érigé des barricades devant le bâtiment du HCR avant que la police n’intervienne pour les disperser. Des affrontements ont également éclaté entre certains résidents du quartier et des ressortissants subsahariens.


Le porte-parole du ministère tunisien de l’Intérieur, Faker Bouzghaya, a déclaré que l’intervention avait eu lieu « à la demande du HCR ». Environ 80 migrants ont été interpellés, dont 30 placés en garde à vue.Des habitants affirment que la situation durait depuis plus de 25 jours, bloquant les rues et rendant la circulation impossible.


Nos sources sur le terrain indiquent que plusieurs vitres du bâtiment du HCR et caméras de surveillance ont été endommagées. Les services municipaux sont ensuite intervenus pour démanteler les tentes et nettoyer les lieux, laissés dans un état de dégradation avancée.


Des dossiers en attente et des migrants à bout

« Certains d’entre nous vivent en Tunisie depuis plus de deux ou trois ans sans avoir été appelés par le HCR », témoigne Famoussa Koita, un demandeur d’asile malien. « Le HCR a trop de dossiers à traiter et nous sommes oubliés. »


Le HCR a précisé sur sa page Facebook, le 3 avril, que toutes les opérations d’enregistrement et de pré-enregistrement étaient suspendues du 31 mars au 17 avril dans le cadre d’une migration vers un nouveau système d’identité et de gestion des données.L’agence onusienne a insisté sur le caractère temporaire de cette suspension, qui concerne l’ensemble de ses bureaux dans le monde.


Les causes profondes d’une crise multidimensionnelle

Dans une lettre ouverte, un groupe de demandeurs d’asile originaires d’une quinzaine de pays d’Afrique subsaharienne affirme s’être réfugié près du siège du HCR après avoir été chassé de plusieurs villes tunisiennes, à la suite du discours du président Kaïs Saïed en février dernier dénonçant l’immigration irrégulière.


Les signataires affirment que « la Tunisie n’est plus un pays sûr » et appellent à être « évacués immédiatement vers un pays qui nous respecte en tant qu’êtres humains ».


Selon les experts du Département Intégrité et Investigations de l’OMSAC, cette situation dépasse largement le cadre humanitaire.Le problème est structurel, international et systémique : les pays d’Afrique du Nord, dont la Tunisie, ne disposent pas des moyens financiers suffisants pour faire face à l’afflux croissant de migrants et demandeurs d’asile. Les projections de l’OMSAC estiment que le nombre de demandeurs d’asile dans la région pourrait être multiplié par 20 à 30 d’ici 2026–2027 si aucune mesure structurelle n’est prise.


Un système international à la dérive

Au-delà de la crise humanitaire, nos enquêtes révèlent une économie parallèle et mafieuse autour de la migration clandestine, gérée par des réseaux transnationaux puissants.Ce système, structuré selon une hiérarchie pyramidale, relie des intermédiaires locaux jusqu’à des cercles d’influence politique, diplomatique, sécuritaire, judiciaire et même associatif.


Le trafic migratoire est devenu un secteur lucratif, générant des milliards de dollars chaque année, dans une indifférence internationale marquée par la corruption morale et l’impuissance politique.


Le HCR face à ses responsabilités

Les enquêtes du département Intégrité et Investigations de l’OMSAC tirent la sonnette d’alarme sur la mauvaise gouvernance financière et administrative au sein de certaines agences onusiennes, en particulier le HCR. L’organisation se dirige vers une crise budgétaire sans précédent, susceptible de provoquer des coupes dans le personnel, voire des suppressions de postes à l’échelle mondiale.


Cette opacité alimente des interrogations légitimes :

  • Où vont réellement les milliards de dollars du HCR ?

  • Quel sera le bilan de Filippo Grandi et de son équipe à l’issue de leur mandat en 2025 ?


Conclusion

La situation en Tunisie illustre les dérives d’un système international dépassé par l’ampleur du phénomène migratoire. Entre défaillances administratives, instrumentalisation politique et exploitation mafieuse, le drame des migrants subsahariens devient le révélateur d’un déséquilibre mondial profond.


L’OMSAC appelle à une réforme structurelle et transparente du système de gestion des migrations et de l’aide internationale, afin que la solidarité ne soit plus un prétexte, mais une réalité équitable et humaine.


Département presse & médias de l'OMSAC



 
 
 

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