Le brouillage médiatique autour du Sahara occidental : quand la communication supplante la réalité diplomatique
- omsac actualités

- 2 nov.
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Les heures qui ont suivi le vote de la Résolution 2797 du Conseil de sécurité sur la question du Sahara occidental ont été marquées par une intense vague de désinformation et d’interprétations contradictoires, en particulier dans l’espace maghrébin. Des lectures divergentes, parfois instrumentalisées, se sont rapidement imposées dans les opinions publiques algérienne et marocaine, transformant un acte diplomatique complexe en affrontement symbolique entre “victoire” et “défaite”.
Or, les faits démontrent que cette résolution ne constitue ni un triomphe politique, ni une avancée décisive dans le processus de règlement du conflit. Elle réaffirme certes la nécessité d’une solution politique durable et mutuellement acceptable, mais sans imposer de mécanisme contraignant, ni réintroduire explicitement la question du référendum d’autodétermination pourtant centrale dans la doctrine onusienne.
Une célébration officielle au goût amer au Maroc

Au Maroc, les autorités ont présenté la résolution comme une grande victoire diplomatique, relayée massivement par les médias publics et les plateformes sociales. Pourtant, plusieurs éléments indiquent qu’il s’agit avant tout d’une mise en scène politique, conçue pour soutenir le récit officiel dans un contexte social tendu, marqué notamment par les manifestations du mouvement “Gen Z 212”.
Selon nos observations, les discours et festivités post-vote avaient été préparés à l’avance, sur la base d’une version initiale du texte plus favorable à Rabat. Mais les modifications introduites à la suite d’un lobbying diplomatique algérien actif ont profondément changé la portée du texte final :
le principe du droit à l’autodétermination y est réaffirmé,
la mission de la MINURSO est prolongée en vue de futures consultations,
et aucune mention explicite de la souveraineté marocaine n’y figure.
Le discours royal prononcé moins de dix minutes après l’annonce du vote renforce cette lecture : un texte visiblement préparé à l’avance pour célébrer une “victoire”, mais réadapté dans l’urgence pour éviter d’admettre un revers diplomatique.
Une stratégie d’évitement et de confusion
Le choix du souverain marocain d’appeler au dialogue avec l’Algérie, plutôt qu’avec le Front Polisario, a surpris la communauté internationale. Cette démarche, contraire à la formulation même de la Résolution 2797 qui identifie les deux parties en conflit, semble viser à détourner la dynamique du dialogue onusien et à éviter une reconnaissance implicite du Polisario comme interlocuteur légitime.
À l’inverse, l’abstention algérienne a constitué une manœuvre diplomatique mesurée et stratégique. En refusant de voter sans s’opposer, Alger a neutralisé l’argument selon lequel elle agirait contre “l’intégrité territoriale marocaine”. Cette position a eu pour effet de désarmer la rhétorique marocaine et de remettre la diplomatie régionale face à ses contradictions internes.
Une victoire diplomatique silencieuse pour Alger

La position algérienne a permis de ramener le conflit à sa configuration juridique initiale : un différend entre le Maroc et le Front Polisario, sous observation internationale. Ainsi, l’Algérie s’affirme non pas comme un acteur du conflit, mais comme un garant de la légalité internationale et un observateur vigilant du respect des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Analyse OMSAC : entre communication politique et vérité diplomatique
L’OMSAC constate que la couverture médiatique du vote a été largement détournée de sa réalité diplomatique, au profit d’une narration politique nationale visant à consolider des équilibres internes fragiles. Ce type de manipulation informationnelle présente des risques :
il affaiblit la confiance des citoyens envers les institutions ;
il complique la lecture internationale du dossier ;
et il retarde la recherche d’une solution durable et conforme au droit international.
L’OMSAC appelle donc à une responsabilité médiatique accrue dans le traitement du dossier du Sahara occidental, et à un retour à la transparence diplomatique, sans instrumentalisation politique ni populisme patriotique.
Appel de l’OMSAC
L’OMSAC réaffirme que toute résolution du conflit du Sahara occidental doit s’appuyer sur :
le respect intégral du droit à l’autodétermination,
la neutralité des institutions internationales,
et la protection des populations civiles contre toute exploitation politique ou militaire du conflit.
Nous appelons la communauté internationale, en particulier l’ONU et l’Union africaine, à agir pour :
Garantir la clarté et la neutralité du processus onusien,
Encadrer la communication officielle des États concernés,
Prévenir toute instrumentalisation de la question sahraouie à des fins de politique intérieure.
Un incident diplomatique préoccupant
À la suite du vote de la Résolution 2797, une séquence diffusée depuis le siège des Nations Unies à New York a choqué l’opinion internationale.On y voit M. Omar Hilale, représentant permanent du Royaume du Maroc auprès de l’ONU, cacher le drapeau de l’Algérie avec celui des États-Unis au moment de la conclusion du vote.
Ce geste, immédiatement relayé sur les réseaux sociaux et par de nombreux médias internationaux, a été interprété comme une atteinte symbolique à la dignité d’un État membre et une entorse grave à l’éthique diplomatique au sein d’une enceinte censée incarner le dialogue et le respect mutuel.
L’OMSAC exprime sa préoccupation profonde face à cet incident qui porte atteinte à l’esprit de coopération multilatérale et dénature le cadre onusien en un espace de rivalités et de provocations. Les représentants diplomatiques sont tenus, en toutes circonstances, à un devoir de réserve, de décence et de respect des symboles nationaux des États membres — principes sans lesquels aucune diplomatie crédible ni dialogue pacifique ne peut exister.
L’OMSAC appelle le Secrétariat général des Nations Unies à rappeler les règles de conduite diplomatique applicables à tous les représentants permanents et à veiller au maintien de la dignité institutionnelle du Conseil de sécurité.
L’OMSAC poursuivra son travail de veille et d’analyse indépendante sur les évolutions du dossier, afin de défendre la vérité, la justice et la transparence dans le respect du droit international.
Département presse & médias de l'OMSAC




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