Dans un pays comme l'Algérie, où le sport, et en particulier le football, est une passion nationale profondément enracinée, l'engagement financier de l'État envers ce secteur est indéniable. Des sommes colossales ont été consacrées pour promouvoir et développer le sport, reflétant ainsi l'importance accordée à la promotion de la santé, de la cohésion sociale et de l'excellence sportive. Cependant, derrière cette générosité se cachent des révélations troublantes. Les récents aveux du ministre algérien de la Jeunesse et des Sports mettent en lumière un sombre tableau de corruption et d'abus de confiance au sein des instances sportives nationales. Alors que l'État investit massivement dans le sport, ceux qui dirigent les institutions sportives du pays semblent avoir trahi la confiance placée en eux, sapant ainsi les valeurs fondamentales de l'intégrité et de la transparence.
Lors d'une séance plénière avec les représentants du peuple au palais de Zighoud Youcef à Alger, le Ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Hammad Abderrahmane, a exposé les défis majeurs persistant dans le football professionnel algérien depuis le lancement du professionnalisme en 2010 sous la direction de l'ancien président de la Fédération Algérienne de Football, Mohamed RAOURAOUA, et son équipe.
M. Hammad Abderrahmane a confirmé les nombreuses infractions enregistrées par les services du ministère, notamment le manque de transparence dans la gestion des clubs professionnels de football. Il a souligné l'amplification des salaires des joueurs, des entraîneurs et des fonctionnaires travaillant dans le domaine du sport.
Le ministre a également critiqué ceux qui ont initié le professionnalisme, les accusant d'avoir précipité sa mise en œuvre sans une réelle expertise, en particulier sur le plan économique. Il a souligné que la nouvelle direction de la Fédération Algérienne de Football, qui avait recommandé le professionnalisme à l'époque, n'avait pas été opposée au retour des mêmes auteurs au siège fédéral de Dely Ibrahim en septembre dernier.
En outre, le Ministre a noté que les clubs professionnels de football ne respectent pas les textes législatifs, notamment le décret exécutif déterminant les dispositions applicables au club sportif professionnel et l'arrêté ministériel relatif au cahier des charges destiné aux clubs professionnels. Il a également déploré l'absence de contrôles financiers réguliers dans les clubs, malgré l'encadrement juridique et organisationnel en place.
Ces révélations mettent en lumière les défis auxquels est confronté le football professionnel en Algérie et soulignent la nécessité d'une réforme profonde pour assurer la viabilité et l'intégrité du sport dans le pays.
Cependant, il est important de noter que les problèmes signalés par le ministre ne sont pas nouveaux. L'ancien président de l'Union Africaine des Footballeurs Professionnels, M. Mourad MAZAR, a déjà lancé l'alerte sur la situation du football algérien bien avant le lancement du professionnalisme. Il a régulièrement dénoncé les abus et les irrégularités au sein du Ministère de la Jeunesse et des Sports, de la Fédération Algérienne de Football, de la Ligue de Football Professionnel et des Ligues de Football amateur. Malheureusement, les plaintes déposées devant les tribunaux ont été classées sans suite.
En outre, il convient de mentionner les dénonciations courageuses de l'ex-ministre de la jeunesse et des sports, monsieur Raouf Salim BERNAOUI, un véritable homme du secteur qui ne manque aucune occasion de mettre à nu la mafia du sport en Algérie et les dépassements graves à tous les niveaux perpétrés par les mercenaires du secteur.
La question se pose alors : pourquoi le ministre n'a-t-il pas réagi en bloquant le retour de ceux qui ont été à l'origine du pillage des milliards de dinars affectés au football par le passé ? Pourquoi n'a-t-il pas saisi la justice pour lancer une enquête approfondie afin de démasquer les véritables coupables et les traduire devant les tribunaux ? Cette affaire pourrait être qualifiée de vol et de détournement en bande organisée. Il est désormais temps que des comptes soient rendus, non seulement dans le football, mais dans toutes les fédérations sportives concernées.
Réaction Internationale : FIFA et CAF
Alors que les déclarations du Ministre algérien de la Jeunesse et des Sports continuent de faire des vagues sur la scène nationale, l'attention se tourne désormais vers les réactions anticipées des instances internationales telles que la FIFA et la CAF, lorsque ces dernières prendront connaissance des révélations faites.
Dans un pays où le football occupe une place prépondérante dans la société, les implications de ces déclarations pourraient avoir des répercussions au-delà des frontières nationales. La communauté internationale du football, en particulier, sera attentive à la manière dont les organismes dirigeants réagiront à ces allégations, en tenant compte de l'engagement continu de la FIFA et de la CAF dans la promotion de l'intégrité et de la transparence dans le sport. La question demeure : quelle sera la réponse de ces instances lorsque la gravité des accusations deviendra évidente pour eux ?
Département Intégrité & Investigations de l'OMSAC