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Discours de David Vigneau directeur du Service canadien du renseignement et de sécurité (SCRS)...

 

Bonjour tout le monde. Je suis très heureux d’avoir l’occasion de vous parler aujourd’hui et je suis ravi de vous voir en si grand nombre, même si je vous soupçonne pour la plupart d’être ici pour voir à quoi ressemble un espion. 

Bon, comme vous pouvez le constater, je ne ressemble pas du tout à Daniel Craig, et je ne suis pas non plus arrivé ici au volant d’une Aston Martin. Ces deux choses me déçoivent tout autant que vous!

La plupart d’entre vous se souviennent du film Fight Club. Et vous savez que la règle numéro 1 du Fight Club, c’est : « Il est interdit de parler du Fight Club ». 

Eh bien, la première règle du SCRS a toujours été : « Ne dites rien ». Point.

Il s’agit plutôt d’une bonne directive pour une organisation comme la nôtre. Nous surveillons nos paroles. 

Aujourd’hui, je veux vous donner un aperçu du contexte de la menace. 

Je vais vous parler de terrorisme et vous expliquer pourquoi il constitue toujours le principal danger en matière de sécurité nationale pour la sécurité publique dans notre pays. 

Mais je veux aussi vous parler – à vous, les principaux chefs de file du milieu des affaires au Canada – de ce qui pose, selon moi, la plus grande menace pour notre prospérité et nos intérêts nationaux, c’est-à-dire l’ingérence étrangère et l’espionnage. 

Tout d’abord, parlons un peu de notre organisation. Comme nous sommes tenus au secret dans notre profession, vous ne savez probablement pas grand-chose au sujet du SCRS.

Je vais commencer par l’élément le plus important : les employés du SCRS sont des personnes très dévouées et compétentes qui, jour après jour, travaillent pour assurer la sécurité des Canadiens et protéger leurs droits et leurs libertés. 

Notre effectif est diversifié, tout comme l’est la population canadienne. 

Notre diversité nous permet de mieux comprendre les données démographiques des collectivités canadiennes que nous protégeons et d’être mieux outillés pour recueillir des renseignements pertinents et exacts. 

À titre de directeur du SCRS, ce qui m’inspire le plus de fierté, c’est la qualité de notre effectif. Ces personnes servent leur pays de façon remarquable et je peux vous assurer qu’elles prennent vraiment à cœur leur responsabilité lorsqu’il s’agit d’assurer la protection du Canada. 

Au SCRS, nous utilisons diverses méthodes d’enquêtes pour recueillir des renseignements sur les menaces pour la sécurité du Canada ainsi que des renseignements étrangers. 

Le SCRS n’est pas un organisme d’application de la loi comme les services de police ou la Gendarmerie royale du Canada. Nous n’avons pas le pouvoir d’arrêter ou de détenir des personnes. 

Le SCRS n’est pas une organisation secrète. Le SCRS est une organisation qui garde des secrets. Et nous prenons très au sérieux le contrat social que nous avons conclu avec les Canadiens à cet égard.

Au SCRS, la responsabilisation est au cœur de toutes nos activités. 

Depuis 1984, c’est-à-dire l’année où le SCRS a vu le jour, le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, qui est chargé d’examiner toutes nos activités, scrute à la loupe la façon dont nous gérons nos secrets. 

Nous sommes aussi assujettis à une surveillance judiciaire. Contrairement à ce que bien des gens pensent, le SCRS ne peut pas placer sur écoute n’importe quel téléphone ni lire les courriels de quelqu’un comme bon lui semble. 

Pour pouvoir utiliser une méthode d’enquête intrusive, nous devons obtenir un mandat auprès de la Cour fédérale. Nous devons absolument respecter les lois du Canada. 

Par ailleurs, le nouveau Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement nous offre – pour la première fois – la tribune classifiée dont nous avons besoin pour expliquer les menaces complexes auxquelles nous sommes exposés et les mesures que nous prenons pour les contrecarrer. 

La responsabilisation fait partie intégrante de nos activités. Comme vous pouvez le voir, nous y sommes habitués et nous l’acceptons. 

De plus, nous visons à être plus transparents au sujet de notre travail, dans la mesure où nous pouvons l’être compte tenu du secteur d’activité dans lequel nous évoluons. En informant les Canadiens des menaces auxquelles nous sommes confrontés, nous espérons en faire nos partenaires dans la mise en place de mesures de protection contre ces menaces. 

Même si nous traitons un grand nombre de secrets au SCRS, notre mandat est plutôt public : nous enquêtons sur les menaces pour la sécurité du Canada. L’une des menaces que les gens connaissent le plus est le terrorisme. 

Les Canadiens ne sont pas à l’abri du terrorisme. Au cours des cinq dernières années seulement, des citoyens canadiens ont perdu la vie dans des attentats terroristes perpétrés dans des pays comme le Burkina Faso, l’Indonésie, la Jordanie, le Kenya, l’Espagne et le Royaume-Uni. 

Et malheureusement, le terrorisme a aussi frappé ici, chez nous. 

Vous n’êtes sûrement pas sans savoir que la principale organisation terroriste au monde, DAECH, a subi une perte de territoire importante à la suite d’actions militaires menées par une coalition internationale à laquelle le Canada participe.

DAECH s’est presque effondré comme force combattante. Toutefois, il réussit toujours à inciter des personnes radicalisées à passer à l’acte partout dans le monde.

En règle générale, il s’agit d’attentats rudimentaires visant des foules et des policiers. Les assaillants utilisent des armes facilement accessibles comme des couteaux ou des voitures et n’ont pas besoin de suivre d’entraînement préalable. 

En raison de la nature même des attentats de ce genre, les services de renseignement comme le SCRS ont de la difficulté à les détecter et à les prévenir. De plus, ces enquêtes demandent énormément de ressources. 

Nous ne devons toutefois pas laisser les incidents rudimentaires commis par des personnes radicalisées nous distraire de la possibilité constante que DAECH ou d’autres groupes terroristes comme al-Qaïda commettent des attentats dirigés et complexes. 

Quelque 37 000 extrémistes provenant de plus d’une centaine de pays différents ont gagné le Moyen-Orient pour se joindre au conflit en Syrie. Certains d’entre eux pourraient essayer de retourner dans leur pays ou ailleurs dans l’intention d’y commettre des attentats. 

Le nombre de combattants étrangers ayant un lien avec le Canada est faible et stable. Malgré l’effondrement de DAECH en Syrie et en Irak, le nombre de combattants étrangers tentant de revenir au Canada n’a pas augmenté. 

Cela dit, le gouvernement du Canada prend très au sérieux la menace que constituent les combattants de retour au pays. Ces personnes ont non seulement démontré qu’elles étaient déterminées à faire le voyage pour se joindre à un groupe terroriste, mais elles ont souvent aussi suivi un entraînement ou acquis de l’expérience opérationnelle pendant leur séjour à l’étranger. 

Le SCRS et d’autres ministères et organismes fédéraux font partie d’une collectivité bien organisée qui gère la menace émanant des combattants de retour au pays. 

Le SCRS recueille des renseignements sur ces personnes pour aider ses partenaires du milieu de l’application de la loi, chargés de rassembler des éléments de preuve qui pourront être utilisés devant les tribunaux. 

Il ne faut pas non plus perdre de vue les extrémistes qui pourraient se sentir obligés de commettre des attentats au pays si leur plan pour se rendre à l’étranger était déjoué par les autorités.  

Des événements survenus récemment ont aussi mis en lumière l’extrémisme violent. 

Il y a un éventail complexe de personnes, de groupes et de collectivités en ligne qui exploitent des injustices réelles ou perçues sur des questions aussi variées que le sexe, la race, la religion, l’orientation sexuelle et l’immigration. 

Ils se regroupent souvent en ligne; ils trouvent des collectivités aux vues similaires et partagent des idées extrémistes, tout en profitant de l’anonymat que confèrent les clavardoirs, les forums et les réseaux en ligne privés. 

Je tiens à préciser que le droit de participer à des activités licites et pacifiques de défense d’une cause, de protestation ou de manifestation d’un désaccord constitue l’un des piliers de la démocratie canadienne. Les activités qui favorisent ou utilisent l’usage de violence ou de menace de violence ne sont pas permises.

Comme vous faites partie du milieu des affaires, vous savez qu’il est possible d’utiliser des supports numériques pour échanger des idées et rallier des gens. Mais certains peuvent aussi s’en servir pour coordonner des attentats contre notre société et nos valeurs. 

Les terroristes utilisent les médias sociaux, les clavardoirs et les sites de partage pour diffuser du contenu extrémiste afin de recruter des gens, de les entraîner et d’amasser des fonds.

Les terroristes exploitent aussi les paramètres de confidentialité, les applications de messagerie et les cryptomonnaies pour soutenir leurs opérations et échapper à la détection par les services de renseignement et les organismes d’application de la loi. 

De nos jours, il arrive souvent que les services de renseignement et les organismes d’application de la loi soient incapables d’accéder au contenu de certaines communications parce que les méthodes de chiffrement utilisées sont robustes. Les organisations comme le SCRS ont donc beaucoup plus de difficulté à enquêter sur les menaces terroristes, à les contrecarrer et à engager des poursuites contre les responsables. 

Depuis près de deux décennies, le terrorisme retient pas mal l’attention. Nous pouvons comprendre pourquoi. 

Toutefois, d’autres menaces pour la sécurité nationale – comme l’interférence étrangère, les cybermenaces et l’espionnage – présentent des défis stratégiques encore plus grands et elles doivent aussi être contrées. 

Les activités de pays hostiles peuvent avoir un effet corrosif sur nos systèmes démocratiques et nos institutions. 

L’interférence traditionnelle causée par des espions étrangers demeure le plus grand danger, mais l’interférence réalisée avec des cybermoyens est de plus en plus préoccupante. 

L’interférence étrangère a gagné en envergure, en rapidité et en portée, en plus d’avoir de plus en plus de répercussions, à cause d’Internet, des plateformes de médias sociaux et des cyberoutils qui sont plus faciles d’accès et moins dispendieux. 

Prenons par exemple les réseaux de zombies associés aux médias sociaux, les « fausses nouvelles » et les campagnes de publicité qui sont conçus pour brouiller l’opinion publique et influencer notre système politique. 

À l’approche des élections fédérales de 2019, le SCRS et d’autres organismes, comme le Centre de la sécurité des télécommunications, la Gendarmerie royale du Canada et Affaires mondiales Canada, surveillent de près les activités des pays hostiles qui pourraient tenter d’influer sur notre processus démocratique. 

Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour protéger nos institutions.

Parlons maintenant de prospérité économique. 

Je n’ai pas besoin de vous rappeler à quel point l’économie du Canada est vigoureuse. 

Nous possédons des ressources naturelles, des technologies de pointe, des personnes de talent et du savoir-faire en abondance. 

Nous sommes des chefs de file mondiaux dans de nombreux secteurs. Nous avons des alliés puissants avec qui nous entretenons des liens étroits sur le plan de l’économie, de la sécurité et de la défense. Notre pays est riche et très développé. 

C’est ce qui fait de nous une cible. 

Bref, beaucoup de monde veut avoir ce que nous avons. 

Chaque entreprise représentée ici aujourd’hui a ses secrets : données sur les clients, propriété intellectuelle, prototypes, données financières... 

Vos secrets confèrent des avantages concurrentiels à votre entreprise. Ils vous aident à croître. Ils vous aident à gagner. Ils aident à faire prospérer l’économie canadienne. 

Et ils pourraient aussi être à risque. 

Disons-le clairement : il y a de l’espionnage parrainé par des États au Canada. 

Nous l’avons constaté dans nos grandes villes et dans nos collectivités les plus petites. 

Nous l’avons vu à l’œuvre dans le cyberespace. Nous l’avons vu évoluer dans les activités d’espionnage traditionnel. Et nous avons vu une combinaison des deux. 

Et nous l’avons constaté dans de nombreux secteurs de notre économie. 

Les services de renseignement étrangers hostiles ou les personnes qui reçoivent le soutien tacite ou explicite de pays étrangers utilisent des moyens clandestins pour recueillir de l’information politique, économique, commerciale ou militaire ici au Canada. 

Certains le font pour faire pencher la balance en leur faveur et miner les principes de concurrence loyale. D’autres ne veulent que vous voler vos idées et s’en servir pour devenir riches. 

Demandez-vous ce qui arriverait : 

Si quelqu’un avait accès à vos connaissances organisationnelles... 

Si quelqu’un vous faisait perdre votre avantage concurrentiel…

Si l’avenir de votre entreprise – par exemple le prix de ses actions, sa capacité de créer des emplois et de les garder – était mis à risque… 

C’est difficile d’évaluer les montants que perdent les pays avancés à cause de l’espionnage économique parrainé par des États. 

Juste pour les États-Unis, certains estiment que cette perte pourrait se chiffrer à 100 milliards de dollars par année. 

Au Canada, les entreprises ont dit avoir investi environ 14 milliards de dollars en cybersécurité en 2017 afin de détecter les cyberincidents liés à la sécurité, de les prévenir et de se rétablir après une telle attaque. 

Et, en 2017, plus de 20 % des entreprises canadiennes ont subi ce genre d’incidents. 

Bien que les dommages causés à notre prospérité collective soient difficiles à évaluer, ils sont bien réels. C’est pourquoi de plus en plus de gouvernements commencent à parler ouvertement de l’évolution de la sécurité avec leurs entreprises, avec leurs universités et le grand public. 

L’appareil de la sécurité nationale – dont je fais partie – et le milieu des affaires – dont vous faites partie – ont tous deux intérêt à mieux sensibiliser le public, c’est-à-dire à les informer de la portée et de la nature des activités d’espionnage parrainées par des États qui visent le Canada et des effets qu’elles peuvent avoir sur sa croissance économique et sa capacité d’innover. 

Mais comment vos secrets se font-ils voler? 

La réponse est simple : de bien des façons.

Je vais vous donner un exemple fictif.

Supposons qu’une entreprise canadienne prometteuse œuvre dans la robotique. 

Elle a reçu des fonds du gouvernement du Canada. Elle a mis au point une propriété intellectuelle de fine pointe. 

Un jour, l’entreprise décide de s’implanter à l’étranger. 

Donc, l’entreprise ouvre un bureau ou un laboratoire à l’étranger, embauche des employés sur place et commence à traiter avec les autorités locales. 

À ce moment-là, l’entreprise est devenue vulnérable. Son nouveau bureau ou laboratoire peut être la cible des services de renseignement de ce pays ou être victime d’une personne de l’interne. 

Du jour au lendemain, quelqu’un a accès à la technologie de votre entreprise, vos produits font l’objet d’une rétro-ingénierie et un concurrent étranger commence à vendre la même technologie que vous à l’échelle mondiale pour un prix beaucoup moins élevé. 

Peu après, l’entreprise canadienne fait faillite. 

C’est l’une des façons pour les pays hostiles d’obtenir ce qu’ils veulent. 

Ils peuvent aussi le faire plus ouvertement. 

En investissant dans votre entreprise – ou en l’achetant directement – les acteurs étrangers peuvent avoir accès à tout ce que vous savez et à tout ce que vous possédez.

Certains de ces investissements peuvent menacer les intérêts liés à notre défense ou à notre souveraineté : en ayant accès à des entreprises canadiennes, des acteurs étrangers hostiles peuvent utiliser la technologie canadienne pour fabriquer des armes susceptibles d’être utilisées contre nous ou contre nos alliés. 

Des acteurs hostiles peuvent aussi accéder à des données sensibles dans le cadre de leur travail dans des industries réglementées comme les télécommunications et les services bancaires. 

Le gouvernement fait tout en son pouvoir pour vérifier les transactions qui permettent aux entreprises étrangères d’accès aux renseignements personnels et aux informations commerciales des Canadiens. Mais ce serait naïf de penser qu’aucune de ces entreprises n’essaie de contourner les mesures de sécurité en place.

Les acteurs hostiles peuvent aussi obtenir ce qu’ils convoitent d’une autre façon : ils peuvent tout simplement le voler.

En se servant d’Internet, des pays ou des personnes agissant en leur nom peuvent s’attaquer à vos serveurs de presque partout dans le monde, sans se mettre en danger ni vraiment risquer de se faire prendre. 

Si les voleurs ne réussissent pas à obtenir ce qu’ils veulent la première fois, ils se réessaieront plus tard, tout simplement. 

Comme si ce n’était pas suffisant, les pays étrangers font parfois appel à des méthodes anciennes pour compromettre, influencer ou manipuler des personnes de manière à ce qu’elles leur remettent, sciemment ou non, ce qu’ils veulent.

Même si nous sommes à l’ère de la technologie, l’extorsion et les pots-de-vin fonctionnent toujours. 

Nous ne devons pas oublier que des pays hostiles utiliseront tous les moyens à leur disposition pour recruter des personnes, exercer leur influence et accéder à nos informations exclusives. 

Qu’importe la façon dont ils s’y prennent ou qui est derrière l’opération, l’espionnage économique constitue une menace à long terme pour l’économie et la prospérité du Canada. 

Cela dit, je ne veux pas être un prophète de malheur. Je ne dis pas que les entreprises canadiennes devraient se retirer des partenariats et des investissements internationaux. 

Ce que je dis, c’est que vous devez ouvrir l’œil dans ce genre de situations. Le milieu des affaires doit être pleinement conscient des menaces pour la sécurité auxquels il est exposé.

Malheureusement, tout le monde est à risque. 

Les grandes entreprises détiennent habituellement les informations les plus précieuses. Mais elles attachent aussi beaucoup d’importance à la sécurité et ont les ressources nécessaires pour mettre en place des mesures de sécurité, y compris des cyberdéfenses de pointe. 

En raison de leurs travaux de recherche et développement avant-gardistes, les universités et les jeunes entreprises sont également des cibles attirantes, mais elles ne sont pas aussi bien protégées.

Souvent, les universitaires et les entrepreneurs ne se doutent pas vraiment que l’espionnage parrainé par des États constitue une menace, tout comme ils sont moins susceptibles d’installer des mesures de protection adéquates, faute de ressources. En plus, ils sont souvent impatients d’attirer des investisseurs et des partenaires. 

En règle générale, les pays hostiles s’en prennent aux entreprises ou aux universités qui œuvrent dans le domaine des nouvelles technologies, c’est-à-dire le genre de découvertes révolutionnaires susceptibles de générer d’énormes profits.

Ces technologies sont nombreuses à avoir un double usage, en ce sens qu’elles peuvent servir les intérêts militaires ou économiques d’un pays ou ses intérêts en matière de sécurité. 

Tout particulièrement, le SCRS a constaté que l’espionnage parrainé par un État avait tendance à se concentrer sur des domaines qui jouent un rôle crucial dans la capacité du Canada de bâtir une économie prospère axée sur le savoir et de la conserver. 

Je parle de domaines comme l’intelligence artificielle, la technologie quantique, la technologie 5G, la biopharmaceutique et la technologie propre. Autrement dit, les assises de la croissance économique future du Canada. 

Il peut être difficile de trouver les personnes qui ciblent les entreprises canadiennes. Et il peut s’avérer encore plus difficile de les arrêter. 

Tout comme les terroristes, de nombreux acteurs se livrant à de l’espionnage économique utilisent des systèmes de chiffrement perfectionnés pour protéger leurs activités, leur intention et leur identité.

 

Certains utilisent même les cryptomonnaies pour éliminer toute trace écrite. Leurs attaques peuvent avoir une précision chirurgicale.

Par conséquent, que pouvez-vous faire pour vous assurer que votre entreprise est le plus sécuritaire possible?

Premièrement, faites une évaluation exhaustive des avantages concurrentiels de votre entreprise. Vous devez accorder une attention spéciale à votre propriété intellectuelle. Vous devez être au courant de ce que vous possédez.

 

Vous devez comprendre les enjeux et savoir ce qui peut faire l’objet de convoitise.

Deuxièmement, évaluez vos vulnérabilités. À quel point êtes-vous protégé contre les dangers que je viens de décrire : menaces physiques, cybermenaces, menaces internes? Effectuez votre évaluation en toute honnêteté. 

Troisièmement, mettez en place un plan de sécurité interne qui vous permettra de réduire vos vulnérabilités. 

Cela veut dire que vous devez régulièrement revoir vos mesures de sécurité pour vous assurer qu’elles sont à jour. 

Cela veut dire que vous devez habituer vos employés à signaler les choses inhabituelles qu’ils peuvent voir ou entendre. 

Et, si vous décelez des activités suspectes, cela veut dire que vous devez communiquer avec les autorités, y compris le SCRS. Nous sommes présents partout au Canada, et nous ne demandons rien de plus que d’aider les entreprises à se protéger dans un contexte de sécurité complexe. 

Cela comprend aussi nos collègues du Centre de la sécurité des télécommunications et du nouveau Centre canadien pour la cybersécurité qui a vu le jour le mois dernier. 

Ce nouveau Centre sera le principal point de contact du gouvernement du Canada pour tout ce qui touche les questions opérationnelles de cybersécurité, y compris les interventions en cas d’incident. 

Il surveillera l’environnement de la cybersécurité et échangera de l’information sur les menaces, les risques et les vulnérabilités. Il pourra vous offrir des conseils éclairés et du soutien, ce qui vous aidera à répondre à vos préoccupations en matière de cybersécurité. 

Si vous soupçonnez l’existence d’une cyberactivité, vous pouvez aussi en informer la nouvelle Unité nationale de coordination de la lutte contre la cybercriminalité de la Gendarmerie royale du Canada. Cette unité est entre autres chargée de mettre en place un mécanisme national de signalement public permettant aux citoyens et aux entreprises du Canada de signaler les incidents de cybercriminalité aux organismes d’application de la loi. 

Ce que vous devez retenir, c’est que plus vous informerez rapidement les autorités que vous soupçonnez l’existence d’une cyberattaque ou d’une activité d’espionnage, plus nous devrions être en mesure de vous aider à vous défendre contre elle. 

Aujourd’hui, je vous ai présenté un large panorama des menaces auxquelles nous sommes confrontés et des mesures que nous pouvons prendre afin de mieux protéger notre sécurité et notre prospérité. 

Nous avons vu que les menaces peuvent venir de plusieurs directions. 

Elles peuvent se manifester en tout temps. 

Elles peuvent surgir rapidement. 

Et elles peuvent avoir des effets dévastateurs sur vos compagnies et sur notre pays. 

Chers collègues – je vais vous appeler collègues parce que nous sommes tous dans le même bateau – le Canada excelle lorsqu’il attire des investissements étrangers, fait des échanges commerciaux à l’échelle mondiale et collabore pour faire progresser les nouvelles technologies. 

Nous ne devrions pas nous arrêter. 

Mais nous devons aussi faire preuve de prudence et de vigilance. Nous devons garder l’œil ouvert. 

Dans les aéroports et ailleurs, des affiches disent : Si vous voyez quelque chose, dites-le. 

Ce message se veut un rappel : la sécurité du Canada est l’affaire de tous. 

Comme je l’ai dit plus tôt : nous avons tous un rôle à jouer dans la protection de notre sécurité nationale.

Il en va de même pour la protection de notre prospérité nationale. 

À titre de chefs d’entreprise, vous connaissez les menaces auxquelles votre entreprise est confrontée. 

À titre de service de renseignement, le SCRS sait comment les contrer. 

Vous apportez la prospérité économique au Canada, et nous nous efforçons de la protéger. 

Le dialogue devrait aller de soi entre le milieu des affaires et le milieu du renseignement. 

Chers collègues, j’aimerais vous transmettre ce message fondamental :

Sachez que la sécurité nationale dépend aussi de vous et que vos collègues du SCRS font partie de la solution. C’est important.

À votre retour au bureau, parlez-en avec vos V.P., avec votre conseil d’administration et avec vos employés. 

N’oubliez pas qu’en travaillant ensemble, nous serons mieux placés pour assurer la protection des entreprises du Canada, nous pouvons stimuler notre économie et nous pouvons mieux protéger notre pays et ses citoyens. 

Merci.

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