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Blanchiment d’argent dans l’immobilier : comment les escrocs opèrent

Paradis fiscaux, homme de paille… voici les scénarios auxquels les autorités ont déjà été confrontées et qui doivent alerter les professionnels du secteur.

Des dizaines de milliers de déclarations de soupçons s'entassent sur les bureaux des agents de Tracfin, ces super détectives du blanchiment d'argent. Parmi ces notes confidentielles, 178 seulement proviennent d'agents immobiliers. Pourtant, le secteur est une cible privilégiée des réseaux pour dissimuler de l'argent sale. Récits d'escroqueries. Achat d'un bien par une « Personne politiquement exposée ». Madame X s'est rapprochée d'une agence immobilière du sud de la France pour acheter un bien d'exception à 3 millions. Son mari, qui vit comme elle dans un pays en dehors de l'Union européenne, versera les fonds depuis son compte situé dans un paradis fiscal. Finalement, après une déclaration de soupçon et des recherches des agents de Tracfin, il s'avère que madame X est la femme d'une « Personne politiquement exposée » (PPE) : son mari est connu dans son pays pour avoir détourné de l'argent, comme l'atteste la Cellule de renseignements financiers de son pays d'origine. Le couple fait par ailleurs l'objet d'une procédure de gel des avoirs.

Achat d'un bien avec de l'argent dissimulé. Madame X, locataire de son appartement, reçoit une lettre de son propriétaire l'informant qu'il va vendre son bien. La jeune femme, sans emploi et bénéficiaire des allocations-chômage, n'a visiblement pas de patrimoine financier et n'est pas en capacité de répondre à la proposition d'achat de son propriétaire. Pourtant, quelques semaines plus tard, ils se mettent d'accord et le propriétaire lui consent, via trois reconnaissances de dettes, un prêt d'une valeur de 385 000 euros, un montant inférieur au prix du marché. Alertés par l'agence immobilière, les agents de Tracfin ont rapidement découvert des dépôts en espèces importants sur les comptes bancaires de la locataire, qui ne correspondaient pas à ses revenus ni à sa déclaration de revenus. Elle est soupçonnée d'une dissimulation de revenus et de fraude fiscale.

Achat d'un bien pour le compte d'une personne tierce. Un technicien de maintenance de 21 ans visite un appartement proposé à la vente à 490 000 euros. Il explique qu'il financera son projet sans prêt, mais avec des fonds propres. Pendant la visite, une femme plus âgée, qui l'accompagne, mène la discussion, s'enthousiasme et demande à l'agent immobilier si une partie de la vente peut être réglée en espèces. Informés, les agents de Tracfin se sont rapidement rendu compte que le patrimoine et les revenus du jeune technicien de maintenance ne correspondaient pas aux modalités de financement.

Par contre, les comptes de son accompagnatrice et son époux, gérants d'une PME d'import-export de véhicules, sont suspicieux. De forts montants sont débités du compte de la société puis crédités sur leur compte personnel. Et leur déclaration fiscale prouve qu'ils minorent leur chiffre d'affaires. L'enquête de Tracfin démontrera que le technicien de maintenance était un « homme de paille » utilisé pour faire écran et permettre au couple d'investir avec des sommes détournées de la société.

AL-CAPONE

Le terme « blanchiment d’argent » aurait pour origine la chaîne de blanchisserie utilisée par Al Capone : la "Sanitary Cleaning Shop" en 1928 qui lui servait de façade légale à ses activités illicites. 
(Alfonso Capone en italien) dit Al Capone, né à Brooklyn (New York) le 17 janvier 1899 et mort à Miami Beach (Floride) le 25 janvier 1947, est un des plus célèbres gangsters américains du XXe siècle. Surnommé « Scarface » (« Balafré »), il fait fortune dans le trafic d'alcool de contrebande durant la prohibition dans les années 1920.

Alphonse Capone

L’immobilier au cœur du blanchiment d’argent en France

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Bercy met un coup de pression aux agents immobiliers pour faire plus remonter les dossiers douteux.

Trop de montages immobiliers louches passent encore entre les mailles du filet.

C'est une passoire où s'infiltrent l'argent sale, le crime organisé, voire les terroristes. Le secteur immobilier et son million de transactions annuelles échappent aux radars des super détectives financiers de Bercy. Dans ce service de pointe en charge du « traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins », baptisé Tracfin, on exige de meilleurs résultats. Et notamment une amélioration très nette de la collaboration de ceux qui voient tout ce qui se passe : les agents immobiliers. La procédure est simple : en cas de suspicion, ils sont tenus de faire remonter une note aux agents de Tracfin. Mais quels sont les profils à risque ? Un mémo qui vient d'être mis à jour et sera présenté ce mardi aux professionnels dresse un portrait-robot du client dont il faut se méfier.

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Les agents risquent une lourde amende

Voilà 20 ans qu'ils sont censés surveiller, vérifier, alerter. Pourtant, très peu d'agents immobiliers le font. En 2017, sur les 70 000 déclarations de soupçon reçues par Tracfin, seulement 178 émanaient des agents immobiliers. Un ratio de 0,25 % ! Les banquiers et les assureurs sont de très loin les premiers de la classe, avec 80 % des déclarations. Alors, les agents immobiliers ont intérêt à se remonter les manches. En coulisses, les agents de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) veillent. Et contrôlent ! « Un professionnel qui n'aura pas alerté Tracfin lors d'une vente suspicieuse risque une lourde amende, jusqu'à 5 millions d'euros, et une interdiction temporaire d'exercer », prévient Virginie Beaumeunier, sa directrice générale.

«Un agent immobilier n'est pas payé pour faire ça»

Conviés ce mardi pour discuter de leurs obligations, les agents immobiliers se défendent. « Je ne suis pas certain que l'on puisse faire mieux, lâche Laurent Vimont, à la tête du réseau Century 21. Une personne mal intentionnée qui cherche à blanchir de l'argent ne passe pas par une agence : il faut montrer patte blanche, donner ses papiers d'identité ainsi que des éléments sur le financement qui peuvent être une source de complication. » Le blanchiment dans le secteur de l'immobilier serait-il exagéré par Tracfin ? Eric Allouche, le directeur du réseau ERA, ne va pas jusque-là. « Il est normal de lutter contre le blanchiment. » Pour autant, le patron de réseau s'agace de ces « lourdes tracasseries administratives » que l'on impose aux professionnels. « Faire une déclaration de soupçon prend du temps, demande du travail, énumère-t-il. Or, un agent immobilier n'est pas payé pour faire ça, il doit faire tourner son agence. »

Chaque note peut lancer une enquête

Mais tous les réseaux reconnaissent que les formations pourraient améliorer le système. « Surtout qu'avec le fort turn-over que connaît notre secteur, nous ne sommes pas à l'abri d'avoir un agent immobilier mal formé qui, séduit par l'appât du gain, oublie de faire une déclaration », reconnaît Fabrice Abraham, le président du réseau Guy Hoquet. Mais à quoi sert cet espionnage du coin de la rue ? A démanteler des réseaux. Chaque note peut lancer une enquête, ou compléter une investigation en cours. L'an passé, les 70 000 déclarations ont permis de transmettre 2700 dossiers à la justice, à l'administration fiscale ou aux différents services de renseignement. Avec à la clé, bien souvent, le démantèlement de réseaux de blanchiment.

Par / Aurélie Lebelle

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