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Un mystérieux comité prédit l’apocalypse en cas d’acceptation de la loi sur le climat


Un tout-ménage national met en garde contre la tentation d’«imiter les Allemands» ou de se fier aux «milliardaires américains» tirant profit de la catastrophe annoncée. L’émetteur est un organisme zurichois proche de l’UDC


Seuls les riches pourront conduire une voiture. La nature sera détruite, notre pays défiguré. Nous aurons froid en hiver. Des milliers d’emplois seront perdus. Pas moins de 400 milliards de francs seront engloutis dans l’aventure. C’est ce scénario apocalyptique que les Suisses ont reçu dans leur boîte aux lettres ces derniers jours – le lundi 22 mai en ce qui concerne le soussigné. Dans ce tout-ménage d’une page en papier glacé, il est expliqué que tout ceci est la faute des «discours alarmistes» principalement tenus «par des milliardaires américains qui font d’énormes bénéfices en propageant la peur», semant «la panique». Il ne faudrait pas non plus «imiter les Allemands dans toutes leurs absurdités». Bigre.


Voilà la magnitude de la catastrophe qui attend la Suisse si sa population approuve, le 18 juin prochain, la loi sur la protection du climat. C’est du moins ce que pensent les auteurs de ce texte, fédérés sous la mystérieuse bannière du Comité pour le sauvetage de la place industrielle suisse. Sur le site internet, aucun nom, mais un compte à la Banque cantonale de Zurich permettant de contribuer à la lutte contre la propagation de «données falsifiées» sur l’histoire du climat, qui osent escamoter «l’optimum climatique médiéval».


Bienvenue à Stäfa

Qui sont ces ardents défenseurs d’une vérité par trop cachée, à savoir que «des scientifiques sérieux et renommés» estiment que le CO2 produit par l’homme a un «effet à peine mesurable» sur le réchauffement de la planète? Le compte bancaire renvoie à la commune de Stäfa, située sur la rive est du lac de Zurich.


Hasard du calendrier, cette municipalité de 14 000 habitants a fait parler d’elle ces derniers jours après qu’une école secondaire a dû annuler sa traditionnelle Journée du genre en raison des menaces qu’ont subies les enseignants. La presse a ainsi relaté qu’un employé s’est vu gratifier de ce message: «Je vais t’égorger!» Le maire, qui envisage les suites pénales à donner à ce «scandale», a témoigné d’autres amabilités du même ordre échangées par téléphone ou via les réseaux sociaux. C’est le conseiller national UDC argovien Andreas Glarner qui semble avoir mis le feu aux foudres en postant l’invitation sur Twitter et en demandant le licenciement de toute la direction de l’école.*


Quoi qu’il en soit, c’est dans cette commune paisible que réside Kurt Zollinger. L’animateur du Comité pour le sauvetage de la place industrielle suisse, c’est lui, nous confirme le président de la section locale de l’UDC, Lukas Bubb. Lequel précise que son parti n’est pas affilié «directement» à ce comité, même si certaines personnes sont membres des deux. C’est justement le cas de Kurt Zollinger. Par le passé, cet ingénieur à la retraite a d’ailleurs présidé l’UDC de Stäfa, tout comme une association de «retraités actifs», qui se déploie en Suisse alémanique.


En 2016, ce comité avait déjà fait parler de lui sur le même mode opératoire, dans le contexte du vote sur l’initiative dite de «mise en œuvre» («Pour le renvoi effectif des étrangers criminels»), également soutenue par l’UDC. Dans son blog hébergé par Le Temps, l’historien genevois Michel Porret citait le comité, pointant des arguments qui ramenaient le droit pénal au régime «arbitraire qui a prévalu en Europe continentale de la fin du Moyen Age à la Révolution».


Sollicité, Kurt Zollinger n’a pas répondu à nos appels. Nous aurions souhaité savoir qui d’autre que le septuagénaire compose ce comité et si son tout-ménage a effectivement été distribué dans toute la Suisse. Sans parler de son financement, puisqu’une telle opération de communication s’avère fort coûteuse. Nous n’aurons que les «meilleures salutations» adressées au bas de cette ode au CO2, «principal facteur de croissance de toutes les plantes». Evitons de polluer le débat avec tous ces «faits» que les médias passent «sous silence».



Marc Guéniat



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