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France : Deux généraux radiés - un devoir de réserve violé ou une liberté d’expression instrumentalisée ?

  • Photo du rédacteur: omsac actualités
    omsac actualités
  • 23 avr.
  • 3 min de lecture

En avril 2021, une tribune publiée dans les colonnes du magazine Valeurs Actuelles avait semé le trouble jusque dans les couloirs feutrés des institutions militaires françaises. Signée par plusieurs généraux en deuxième section – c’est-à-dire théoriquement retraités mais juridiquement rappelables –, cette déclaration tonitruante dénonçait ce que ses auteurs appelaient « le délitement de la nation », pointant notamment du doigt l’islamisme, les banlieues et les divisions communautaires. Trois ans plus tard, la sentence est tombée : les généraux André Coustou et Paul Pellizzari ont été radiés des cadres à titre disciplinaire, pour « manquement au devoir de réserve ».


Une tribune à la rhétorique explosive

Le contenu de la tribune n’avait rien d’anodin. Publiée symboliquement le 21 avril 2021 – date anniversaire du putsch d’Alger de 1961 –, elle évoquait ouvertement une possible intervention de l’armée si les « politiques » échouaient à « sauvegarder la nation ». Certains y ont vu une tentative de légitimer un discours militaro-politique aux relents insurrectionnels, d’autres une sonnette d’alarme face à des fractures sociales et sécuritaires bien réelles.


L'OMSAC, tout en étant une organisation indépendante et neutre, rappelle que le rôle de l’armée dans un État de droit ne peut souffrir d’ambiguïté : toute implication ou pression sur le débat politique civil est contraire aux fondements républicains. Néanmoins, il est aussi de notre devoir d’observer avec lucidité les signes d’un malaise profond traversant certaines strates de l’appareil de défense.


Radiation : sanction juste ou dérive autoritaire ?

La radiation prononcée à l’encontre des deux généraux pose une question essentielle : où se situe la ligne entre devoir de réserve et liberté d’opinion d’un militaire à la retraite ? L’État, garant de la discipline républicaine, a choisi la fermeté. Mais cette décision, aussi légale soit-elle, alimente un débat plus vaste sur la place du militaire dans la société contemporaine.


Paul Pellizzari, co-signataire de la tribune, s’était même joint à une plainte déposée par André Coustou en 2024 contre plusieurs ministres, accusant le gouvernement d’avoir cédé à l’Ukraine du matériel militaire français sans consultation démocratique. Un geste qui, là encore, brouille les lignes entre engagement citoyen, posture idéologique et devoir institutionnel.


Entre menaces hybrides et fractures internes

L’OMSAC rappelle que les États modernes sont confrontés à des menaces hybrides : cyberattaques, désinformation, infiltrations idéologiques, effondrement du lien social… Dans ce contexte, il est impératif que les institutions militaires restent stables, professionnelles et respectueuses des cadres constitutionnels. Mais il serait naïf d’ignorer les tensions internes et les signaux de rupture émanant de certaines figures de l’armée, même à la retraite.


Ce que nous devons retenir

  • Le devoir de réserve n’est pas une censure, mais une garantie de la neutralité de la force publique.

  • La liberté d’expression, même pour un militaire retraité, doit être exercée dans le respect des principes démocratiques.

  • La fracture entre élites dirigeantes et serviteurs de l’État – militaires compris – doit être traitée par l’écoute, la réforme, et la transparence.


Enfin, l’OMSAC alerte depuis plusieurs années sur les dérives possibles liées à l’idéologisation du discours sécuritaire, que ce soit du côté de certaines ONG, de mouvements politiques radicaux, ou même de membres de corps armés en quête de résonance médiatique.


Ce dossier, plus qu’un simple fait divers administratif, illustre les fragilités contemporaines de nos démocraties face à des logiques d’affrontement symbolique. La stabilité institutionnelle ne pourra être assurée que par un équilibre subtil entre discipline et dialogue, entre loyauté et vigilance.


Département Intégrité & Investigations de l'OMSAC


 
 
 

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